Suite de l'article sur les undergrad studies.
Une fois que vous avez fini la période College, il est fréquent de prendre 1 ou 2 ans, voire davantage de pause pour travailler et se faire une expérience professionnelle, et d'en profiter pour commencer à rembrouser un peu les emprunts. Et vient le jour où on a envie de faire plus d'argent, alors on candidate à la "graduate school" pour un Master et éventuellement continuer sur un PhD.
La grad school c'est là que je suis. Pour la plupart des américains c'est la folie en terme de travail! Faut reconnaître qu'il y a quand même beaucoup de devoirs maisons, mais vu qu'il n'y a que 12h de cours par semaine, on s'en sort bien.
Le master dure 1 ou 2 ans selon les institutions. A Berkeley c'est 1 an, à Stanford c'est plutôt 1.5 ans mais ça peut se faire en 1 an. Au MIT c'est toujours 2 ans parce qu'ils mettent l'accent sur la recherche ce qui limite le nombre de cours. Globalement dans tous les cas pour financer ses études c'est intéressant et formateur de faire de la recherche, ou d'être chargé de TD. Du côté université, ça leur fait de la main d'oeuvre efficace et relativement peu chère. C'est donc surtout là que réside la puissance de recherche des universités américains à mon avis, outre les moyens financiers, c'est la capacité à intégrer les étudiants sur des projets. Même les undergrad peuvent trouver des petits jobs qui consistent à remplir des tableaux Excel avec des données, qui seront ensuite exploitées par un grad student, encadré lui-même par un post-doc qui finalement rendra des comptes au professeur rock-star. Cela fait que les profs connus sont à la tête de groupes qui oscillent entre 20 et 60 personnes! Du coup faut pas trop espérer de la proximité et de l'encadrement. C'est entre autres pour cela qu'un PhD (ou doctorat) dure 5 ans: on vous fait prendre des cours, donner des cours, et puis vous n'êtes pas forcément payés à longueur d'année selon la bourse que vous avez. Donc le travail avance parfois lentement.
Sur le plan des cours, on nous avait prévenu, c'est différent. Ici, on est libre et encouragé d'interrompre le prof n'importe quand sans en avoir demandé la permission. On est sur le mode de la "discussion", c'est-à-dire qu'on simule l'idée qu'on serait en train de réfléchir ensemble à construire la réflexion (même si en pratique le prof présente son truc). C'est un peu exaspérant parfois car à la moindre difficulté, les élèves posent une question. On est davantage habitués à taire ce qu'on a pas compris et passer ensuite des heures sur son DM à remuer le truc pour comprendre tout seul. A mon humble avis, la première méthode est clairement plus inclusive pour les étudiants, mais elle ne pousse pas vraiment à la compréhension en profondeur. D'ailleurs, dans l'ensemble, ça ne dérange pas les étudiants ici de faire quelque chose sans avoir compris en profondeur. Place à l'efficacité. Toutefois, les questions posées sur les questions de modélisation sont souvent pertinentes et interrogent vraiment la légitimité du modèle proposé par le prof. Un certain sens critique donc, alors que nous bons taupins avons peut-être trop l'habitude de prendre les choses telles qu'elles.
Sur un autre sujet, le PhD est loin d'être aussi valorisé qu'on le croit ici. Et pour travailler chez Facebook, undergrad studies en Computer Science suffisent (on demande qu'à pisser du code). La seule chose à peu près vraie est que c'est un peu le filtre ultime, puisque faire un PhD dans une grande université signifie que vous avez été sélectionné en grad school et qu'ensuite vous avez passé les "prelims" qui sont des exams à réussir avant d'être pris en PhD. Bref, un gage "d'intelligence". De même qu'ils survalorisent et adulent Harvard, MIT ou Stanford comme on le fait sûrement pour nos grandes écoles, ça n'est pas que Franco-français. Faut être lucide, dans un pays où tout l'enseignement supérieur repose sur l'achat d'un diplôme à travers les frais de scolarité, il faut bien que le nom écrit sur le diplôme incarne une valeur psychologique à la hauteur des frais de scolarité mis en jeu (parfois depuis la maternelle pour être préparé). Au passage, contrairement à ce qu'on dit souvent, les gens ici connaissent l'X ou Centrale (bon, pas tellement les étudiants américains, mais bon... c'est des américains aussi). En tout cas les profs, ou les étudiants étrangers (indiens ou chinois par exemple) en ont souvent déjà entendu parler et nous disent monstrueux, en maths surtout.
Le mythe des starts-up aussi. Il y a quand même une majorité impressionnante des étudiants en master qui iront travailler dans le conseil à la sortie des études !
Bon, c'était un peu fouilli tout ça.